MÉDAILLE COMMÉMORATIVE
DE L’EXPÉDITION DU DAHOMEY
- 24 novembre 1892 -
En 1892, la France, suite au harcèlement du royaume de Porto-Novo placé sous son protectorat et de ses comptoirs des côtes du Dahomey par les troupes de Béhanzin, le roi d’Abomey, décida l’envoi d’un corps expéditionnaire de 1 801 européens et de 1 769 indigènes placés sous les ordres du colonel de l'Infanterie de Marine Alfred Dodds.
Les troupes de cette expédition qui dura cinq mois, vainquirent à Dogba l’armée de Béhanzin, forte de 12 000 guerriers, au sein de laquelle combattait le Corps des Amazones, constitué par 2 000 femmes.
La France reconquit ainsi le royaume du Dahomey ( aujourd’hui la République du Bénin ) et plaça à sa tête, Toffa, le roi de Porto-Novo.
Le Roi Béhanzin fut capturé en 1893 et déporté à la Martinique puis à Alger où il décédera en 1906.
En vue de commémorer ces faits d’armes, la loi du 24 novembre 1892 institua la Médaille commémorative de l’expédition du Dahomey, en faveur des officiers, marins et soldats ayant pris part aux expéditions de cette campagne.
D’un modèle proche de celle du Tonkin, elle fut attribuée par le Président de la République, sur proposition des ministres de la Guerre ou de la Marine, et remise avec un diplôme.
Les crédits nécessaires à la fabrication de cette médaille furent prélevés sur les crédits déjà votés pour l'expédition du Dahomey.
La première médaille fut décernée solennellement, le 11 mai 1893, à Alfred Dodds, promu général, lors de l'arrivée à Marseille du navire ramenant les troupes françaises. Elle fut remise par le commissaire de la Marine Hauer, en les termes suivants : « Au nom du ministre de la Marine, qui par une délicate et bienveillante attention me l'a fait parvenir pour que vous la trouviez ici dès votre arrivée, j'ai l'honneur de vous remettre la médaille commémorative de l'expédition du Dahomey, qui sera un vivant témoignage des brillants faits d'armes du corps expéditionnaire et acquerra sur votre poitrine une valeur plus grande encore. »
Les droits à l’obtention de la médaille cessèrent d’être acquis à partir du 5 février 1894 ( Article 2 du décret du 6 mars 1894, relatif à la médaille coloniale ). L'on dénombrait, en 1913, un total de 12 171 titulaires.
Remarque : Toffa, qui devint Roi du Dahomey suite à cette expédition, créa une Médaille du Dahomey, dont 15 000 exemplaires furent commandés à un fabricant parisien. Elle portait à l'avers les armoiries du roi sommées d'une couronne royale et sur le revers l'inscription : Campagne du Dahomey, 1892.
Largeur de 36 mm.
Jaune jonquille coupé par quatre raies verticales noires de 4 mm.
Médaille ronde en argent, du module de 30 mm.
Gravure de Jean-Baptiste Daniel Dupuis.
Sur l’avers : l’effigie de la République casquée entourée de la légende REPUBLIQUE FRANÇAISE.
Sur la visière du casque l’inscription PATRIE.
L’ensemble était encadré d’une couronne de laurier.
Sur le revers : une petite étoile sur un fond rayonnant surmontait l’inscription DAHOMEY placée
au-dessus d’un trophée constitué par quatre drapeaux et une ancre de marine.
L’ensemble était encadré d’une couronne de laurier.
Sur la médaille du Dahomey, la marque (« Corne d'abondance ») est placée sur le revers, à gauche, à la hauteur du sommet de la hampe du premier drapeau. ( Note de l'administration du 12 juin 1893, n° 4701. )
Réduction de la médaille du Dahomey : La fabrication des réductions de la médaille du Dahomey par l'industrie privée, sous la réserve du droit de la propriété de l'administration des Monnaies, est autorisée sous la condition que ces réductions seront d'un diamètre maximum de 25 millimètres et qu'elles ne porteront pas les deux marques spéciales ( Corne d'abondance et Faisceau de licteur ) dont sont revêtues les médailles du module réglementaire frappées à la Monnaie. Les réductions frappées dans ces conditions seront admises à l'essai et à la marque. ( Note de l'administration du 31 juillet 1893, n° 6128. )
( Liste non exhaustive )
Source :
Bibliothèque nationale de France
M. le ministre de la marine et des colonies, lisant : Messieurs, après une campagne difficile et glorieuse, nos soldats sont entrés, le 17 novembre, dans la capitale du Dahomey. Le Parlement, qui a déjà applaudi à leurs efforts, voudra sans doute consacrer par un témoignage durable le souvenir de leurs succès. C'est dans cette pensée que nous avons l'honneur de vous présenter le projet de loi suivant :
« Art. 1er. — Il est créé une médaille commémorative de l'expédition du Dahomey. Cette médaille, conforme pour le module et la face à la médaille du Tonkin, portera au revers le mot « Dahomey ». Elle sera suspendue par un ruban moitié noir, moitié jonquille, par petites raies verticales. Cette médaille sera accordée par le Président de la République, sur la proposition du ministre duquel dépend le corps ou le service auquel ils auront été attachés, à tous les officiers, marins et soldats ayant pris part aux expéditions du Dahomey.
« Art. 2. — En cas du décès du soldat ou du marin, la médaille sera remise, sur leur demande, à titre de souvenir, aux parents ci-dessous désignés et dans l'ordre suivant : « Le fils aîné, la veuve, le père, la mère, ou, à défaut, le plus âgé des frères.
« Art. 3. — Les crédits nécessaires pour la fabrication de cette médaille seront prélevés sur les crédits déjà votés pour l'expédition du Dahomey. » ( Applaudissements. )
M. de Colombet. On pourrait voter immédiatement, monsieur le président ! ( Oui ! oui ! )
[...]
M. le président. Je crois être l'interprète des sentiments de la Chambre en déclarant qu'à l'unanimité elle se prononce pour l'urgence et la discussion immédiate des deux projets de loi que présente M. le ministre de la marine. ( Oui ! oui ! — Très bien ! ) En conséquence, l'urgence est déclarée, et la discussion immédiate est ordonnée. Personne ne demande la parole pour la discussion générale du premier projet de loi, relatif à la création d'une médaille commémorative de l'expédition du Dahomey ?... Je consulte la Chambre sur le passage à la discussion des articles. ( La Chambre, consultée, décide qu'elle passe à la discussion des articles. )
« Art. 1er. — Il est créé une médaille commémorative de l'expédition du Dahomey. Cette médaille, conforme pour le module et la face à la médaille du Tonkin, portera au revers le mot : Dahomey. Elle sera suspendue par un ruban moitié noir, moitié jonquille, par petites raies verticales. Cette médaille sera accordée par le Président de la République, sur la proposition du ministre duquel dépend le corps ou le service auquel ils auront été attachés, à tous les officiers, marins et soldats ayant pris part aux expéditions du Dahomey. » — ( L'art. 1er est mis aux voix et adopté. )
« Art. 2. — En cas de décès du soldat ou du marin, la médaille sera remise, sur leur demande, à titre de souvenir, aux parents ci-dessous désignés et dans l'ordre suivant : « Le fils aîné, la veuve, le père, la mère, ou, à défaut, le plus âgé des frères. » — ( Adopté. )
« Art. 3. — Les crédits nécessaires pour la fabrication de cette médaille seront prélevés sur les crédits déjà votés pour l'expédition du Dahomey. » — ( Adopté. )
( L'ensemble du projet de loi, mis aux voix, est adopté. )
M. le président. Je constate encore une fois l'unanimité de la Chambre à voter ce projet. ( Applaudissements. )
Le Sénat et la Chambre des députés ont adopté,
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
Art. 1er. — Il est créé une médaille commémorative de l'expédition du Dahomey. Cette médaille, conforme pour le module et la face à la médaille du Tonkin, portera, au revers, le mot Dahomey. Elle sera suspendue par un ruban moitié noir, moitié jonquille, par petites raies verticales. Cette médaille sera accordée par le Président de la République, sur la proposition du ministre duquel dépend le corps ou le service auquel ils auraient été attachés, à tous les officiers, marins et soldats ayant pris part aux expéditions du Dahomey.
Art. 2. — En cas de décès du soldat ou du marin, la médaille sera remise, sur leur demande, à titre de souvenir, aux parents ci-dessous désignés et dans l'ordre suivant : le fils aîné, la veuve, le père, la mère, ou à défaut le plus âgé des frères.
Art. 3. — Les crédits nécessaires pour la fabrication de cette médaille seront prélevés sur les crédits déjà votés pour l'expédition du Dahomey.
La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des députés, sera exécutée comme loi de l'État.
Fait à Paris, le 24 novembre 1892.
Carnot.
Le Président de la République française,
Vu le titre VI du décret organique de la Légion d'honneur, en date du 16 mars 1852 ;
Vu le décret disciplinaire du 24 novembre 1852 ;
Ensemble les décrets des 26 février 1858, 24 octobre 1859, 25 mars 1861, 15 mars 1864, 3 mars 1868 et 30 décembre 1885, relatifs à la discipline des médaillés de Sainte-Hélène, de Crimée, de la Baltique, d'Italie, de Chine et du Mexique, des titulaires de la médaille pontificale et des médaillés du Tonkin et de Madagascar ;
Vu les décrets disciplinaires des 14 avril et 9 mai 1874 ;
Vu la décision, en date du 26 février 1858, qui autorise les ministres de la guerre et de la marine et, par délégation, les commandants en chef des armées de terre et de mer à prononcer, par mesure de discipline, contre tout militaire ou marin en activité de service pendant un temps qui ne pourra excéder deux mois, la suspension du droit de porter les insignes des médailles de Crimée et de la Baltique ;
Vu la loi du 24 novembre 1892 qui crée une médaille commémorative de l'expédition du Dahomey ;
Sur la proposition du grand chancelier de la Légion d'honneur ;
Le conseil de l'ordre entendu,
Décrète :
Art. 1er. — Les dispositions disciplinaires des décrets des 16 mars 1852, 24 novembre 1852, 14 avril et 9 mai 1874 sont applicables aux titulaires de la médaille commémorative du Dahomey.
Art. 2. — Sont également applicables aux titulaires de ladite médaille les dispositions de la décision du 26 février 1858 susvisée.
Art. 3. — Les ministres et le grand chancelier de la Légion d'honneur sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 14 janvier 1893.
Carnot.
Le garde des sceaux, ministre de la justice, Léon Bourgeois.
Le Ministre de la Marine, à Messieurs les Vice-amiraux commandant en chef, Préfets maritimes ; Officiers généraux, supérieurs et autres commandant à la mer ; Commandant supérieur des Établissements français du Benin ; Gouverneurs des Colonies.
( Ministère de la Marine, – État-major général de la Marine ; – Bureau des Mouvements de la flotte. = Direction du Personnel ; – 1er Bureau : État-major de la flotte ; – 2e bureau : Équipages de la flotte ; – 3e Bureau : Troupes de la Marine ; – 4e Bureau : Corps entretenus et Agents divers ; Justice maritime. = Administration de l'Établissement des Invalides de la Marine ; – 3e Bureau : Pensions civiles et militaires, Demi-soldes et Secours. )
Paris, le 25 mai 1894.
Messieurs, en me référant à la dépêche-circulaire du 28 décembre 1892 (B. O.), j'ai l'honneur de vous informer qu'après avoir pris l'avis du commandant supérieur des Établissements français du Bénin, j'ai décidé de faire cesser à partir du 1er mars 1894, le bénéfice de campagne de guerre accordé pour l'expédition du Dahomey.
Je vous adresse, ci-joint, la liste des navires dont le personnel a acquis, du 1er janvier au 1er mars derniers, le droit au traitement dont il s'agit. Cet état fait suite à ceux annexés aux dépêches du 19 avril 1893 et du 16 mars 1894 (B. O.)
Vous voudrez bien, chacun en ce qui vous concerne, prescrire les apostilles nécessaires pour assurer l'exécution de cette décision, dont l'insertion au Bulletin officiel tiendra lieu de notification.
Ainsi que l'ont indiqué les circulaires du 10 décembre 1892 et du 6 mars 1894 (B. O.), le personnel des bâtiments mentionnés ci-après ( sauf celui de la Mésange, arrivée à Kotonou le 12 février seulement ) a droit à l'obtention de la médaille du Dahomey jusqu'au 5 février dernier.
Il convient, en conséquence, d'arrêter et de m'adresser, dans le plus bref délai possible, les états d'ayants droit, afin que je puisse faire procéder sans tarder à l'établissement des brevets.
Recevez, etc.
A. Lefèvre.
*****
Liste des navires qui ont acquis le droit au bénéfice de campagne de guerre
du 1er janvier au 1er mars 1894
( Cet état fait suite à ceux joints aux circulaires du 19 avril 1893 et du 16 mars 1894. )
Noms des navires | Depuis le | Jusqu'au | Observations |
Ambre Brandon Emeraude Marmet Mésange Onyx Opale Segond Topaze |
1er janvier 1894 1er janvier 1894 1er janvier 1894 1er janvier 1894 12 février 1894 1er janvier 1894 1er janvier 1894 1er janvier 1894 1er janvier 1894 |
1er mars 1894 12 février 1894 1er mars 1894 1er mars 1894 1er mars 1894 1er mars 1894 1er mars 1894 11 février 1894 1er mars 1894 |
Annexe de l'Opale Annexe de l'Opale Annexe de l'Opale Annexe de l'Opale |