MÉDAILLE DE L’EXPOSITION
UNIVERSELLE
- 9 juin 1899 -
L’Exposition universelle de Paris, inaugurée par le Président Émile Loubet, le 14 avril 1900, couvrait une étendue de 112 hectares de part et d’autre de la Seine : des Champs-Elysées à Passy et des Invalides au Champ-de-Mars. A la clôture, le 12 novembre 1900, on dénombra un total de 76 000 exposants et 50 860 801 entrées payantes ( 1 franc ), les dépenses totales s’élevant à 116 500 000 francs et les recettes à 114 500 000 francs.
Une médaille fut instituée par le décret du 9 juin 1899, pour commémorer et récompenser les travaux des personnels travaillant à la réalisation de la grande Exposition universelle ; c’est la seule médaille portative officielle à avoir été créée pour marquer ce type de manifestation.
Elle était attribuée par le ministre du Commerce et de l’Industrie, sur proposition du commissaire général de l’Exposition universelle, et récompensait :
– les contremaîtres et ouvriers français qui ont été occupés pendant plus de six mois consécutifs aux travaux de l’Exposition, qui y sont restés attachés sans interruption jusqu’à l’achèvement de l’entreprise dont ils dépendaient et qui s’y sont particulièrement distingués par leurs services ;
– les ouvriers victimes d’accidents graves, sans durée minimale d’emploi ;
– à titre exceptionnel, et par décret, les services rendus par les membres du personnel de l’administration ;
– les indigènes attachés à l’Exposition coloniale et qui ont fait preuve d’un grand dévouement à la France ( décret du 25 septembre 1900 ).
Environ 4 200 médailles furent décernées avec un diplôme, dont 271 à des indigènes des colonies. Les personnels de direction des entreprises et celui de l’administration ayant œuvré à cette exposition, reçurent quant à eux une médaille de table dite « Médaille de l’Exposition ».
Largeur de 25 mm.
Aux couleurs tricolores bleu, blanc, rouge disposées en diagonale, le bleu en haut.
Médaille ronde en argent, du module de 30 mm.
Gravure de Jules Chaplain.
Sur l’avers : une scène représentait l’ange de la renommée portant le dieu de la connaissance,
surmontant un écusson aux armoiries de la ville de Paris, le tout entouré de la légende
EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE et du millésime 1900.
Sur le revers : la légende LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE placée en exergue, et l’inscription
AUX OUVRIERS COLLABORATEURS DE L’EXPOSITION surmontant
un cartouche rectangulaire placé sur fond de feuillage, contenant le nom et la profession du titulaire.
( Liste non exhaustive )
Source :
Bibliothèque nationale de France
RAPPORT AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Monsieur le Président,
Le décret du 4 août 1894, portant règlement général pour l'Exposition universelle de 1900, a prévu l'attribution de récompenses et de diplômes commémoratifs aux exposants, ainsi qu'aux membres des comités ou commissions et aux jurés.
Des décorations seront vraisemblablement distribuées suivant la tradition constante des expositions antérieures.
Il m'a paru et vous jugerez sans doute, monsieur le Président, qu'un gouvernement démocratique comme celui de la République française doit donner en outre un témoignage spécial de sa sollicitude aux contremaîtres et ouvriers qui collaborent d'une façon si active à la grande manifestation pacifique de la fin du siècle.
Beaucoup se font remarquer par leur application au travail, leur endurance, leur ingéniosité ; tous comprennent le caractère hautement patriotique de la tâche à laquelle ils concourent. L'année 1899 et les premiers mois de 1900 constitueront pour eux une véritable campagne avec ses dures fatigues et ses dangers.
J'ai en conséquence l'honneur de vous proposer l'institution d'une médaille d'honneur, qui pourrait être décernée aux plus méritants.
Afin de bien marquer toute la valeur qu'il attache à la nouvelle distinction, le Gouvernement se réserverait la faculté de la conférer également, mais seulement à titre exceptionnel et par décret, aux membres du personnel de l'administration, comme récompense toute particulière de leurs services.
Si vous partagez ma manière de voir, monsieur le Président, j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien revêtir de votre signature le décret ci-joint.
Veuillez agréer, monsieur le Président, l'hommage de mon profond respect.
Le ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes, Paul Delombre.
*****
DÉCRET
Le Président de la République française,
Sur le rapport du ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes,
Décrète :
Art. 1er. — Des médailles d'honneur en argent pourront être décernées par le ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes, sur la proposition du commissaire général de l'Exposition universelle de 1900, aux contremaîtres et ouvriers français qui auront été occupés pendant plus de six mois consécutifs aux travaux de l'Exposition, qui y seront restés attachés sans interruption jusqu'à l'achèvement de l'entreprise dont ils dépendent et qui s'y seront particulièrement distingués par leurs bons services.
Art. 2. — La condition de durée d'emploi ne sera pas applicable aux ouvriers victimes d'accidents graves.
Art. 3. — Des décrets pourront, à titre exceptionnel, conférer la même distinction aux fonctionnaires de l'administration de l'Exposition.
Art. 4. — Un arrêté ministériel déterminera les mesures de détail relatives à la nouvelle médaille.
Art. 5. — Le ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes est chargé de l'exécution du présent décret, qui sera inséré au Bulletin des lois et publié au Journal officiel de la République française.
Fait à Paris, le 9 juin 1899.
Emile Loubet.
Par le Président de la République :
Le ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes, Paul Delombre.
Le ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes,
Sur la proposition du commissaire général de l'Exposition universelle de 1900 ;
Vu le décret du 9 juin 1899, instituant une médaille d'honneur pour les ouvriers de l'Exposition ;
Vu le décret du 10 mars 1891, portant réglementation du port des décorations et médailles françaises et étrangères,
Arrête :
Art. 1er. — Les médailles décernées aux ouvriers de l'Exposition en exécution du décret ci-dessus visé sont en argent.
Art. 2. — Ces médailles sont du module de 30 millimètres ; elles portent sur la face une composition allégorique représentant la glorification du travail entourée des mots « Exposition universelle de 1900 » et, sur le revers, les mots : « La République française aux ouvriers collaborateurs de l'Exposition », ainsi que le nom et la profession du titulaire.
Art. 3. — Les titulaires sont autorisés à porter la médaille suspendue à un ruban tricolore dont les rayures sont disposées en diagonale.
Ils reçoivent un diplôme indiquant à quel titre ils ont obtenu la médaille de l'Exposition.
Art. 4. — Le commissaire général est chargé de l'exécution du présent arrêté.
Paris, le 18 novembre 1899.
A. Millerand.
Paris, le 12 mai 1902.
Un décret du 9 juin 1889, rendu sur le rapport du Ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes, a institué une médaille d'honneur en argent pour les contremaîtres et ouvriers français, qui, occupés pendant plus de six mois consécutifs aux travaux de l'Exposition de 1900, y sont restés attachés sans interruption jusqu'à l'achèvement de l'entreprise dont ils dépendaient et se sont particulièrement distingués par leurs bons services.
Un arrêté ministériel ( Commerce ), en date du 18 novembre 1899, a déterminé les mesures de détail relatives à cette médaille.
Les différentes autorités militaires sont invitées à veiller à ce que les titulaires de cette distinction soient laissés libres de la porter pendant leur présence sous les drapeaux.
SIXIÈME PARTIE.
ADMISSION ET INSTALLATION DES ŒUVRES ET PRODUITS
À L'EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
CATALOGUES. – RÉCOMPENSES (Suite)
11. Médailles d'honneur des ouvriers collaborateurs de l'Exposition. — Dès l'ouverture des chantiers, j'avais pensé qu'un gouvernement démocratique comme celui de la République française devait, par des récompenses spéciales, donner un témoignage manifeste de sa sollicitude aux contremaîtres et ouvriers qui allaient collaborer d'une manière si active à la grande manifestation de la fin du siècle. Ma conviction ne tarda pas à se fortifier. Beaucoup de travailleurs se faisaient remarquer par leur application, leur endurance, leur ingéniosité ; presque tous comprenaient le caractère hautement patriotique de la tâche à laquelle ils concouraient. L'année 1899 et les premiers mois de 1900 devaient constituer pour eux une véritable campagne avec ses dures fatigues et ses dangers. Je proposai donc l'institution d'une médaille d'honneur, qui serait décernée aux plus méritants.
M. Paul Delombre, Ministre du commerce, voulut bien partager mes vues et provoquer un décret du 9 juin 1899, qui les consacrait. ( Pièce annexe n° 97. )
Aux termes de ce décret, des médailles d'honneur en argent pouvaient être décernées par le Ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes, sur la proposition du Commissaire général, aux contremaîtres et ouvriers français, qui auraient été occupés pendant plus de six mois consécutifs aux travaux de l'Exposition, qui y seraient restés attachés sans interruption jusqu'à l'achèvement de l'entreprise dont ils dépendaient et qui s'y seraient particulièrement distingués par leurs services.
La condition de durée d'emploi ne s'appliquait pas aux ouvriers victimes d'accidents graves.
Afin de bien marquer toute la valeur qu'il attachait à la nouvelle distinction, le Gouvernement se réservait de la conférer également, mais seulement à titre exceptionnel et par décret, aux membres du personnel de l'Administration, comme récompense toute spéciale de leurs services.
Les mesures de détail relatives à la nouvelle médaille étaient renvoyées à un arrêté ministériel. Cet arrêté, signé de M. Millerand, intervint le 18 novembre 1899. ( Pièce annexe n° 98. )
Il fixait à 30 millimètres le module des médailles et décidait qu'elles recevraient : sur la face, une composition allégorique représentant la glorification du travail, avec l'exergue " Exposition universelle de 1900 " ; sur le revers, les mots " La République française aux ouvriers collaborateurs de l'Exposition ", ainsi que le nom et la profession du titulaire.
Les titulaires étaient autorisés à porter la médaille suspendue à un ruban tricolore dont les rayures seraient disposées en diagonale. Un diplôme devait, en outre, leur être délivré.
Des indigènes attachés à l'exposition coloniale avaient fait preuve d'un grand dévouement à la France. Il parut juste et politique de les assimiler aux contremaîtres et ouvriers, de leur attribuer la médaille d'honneur qu'ils emporteraient pieusement dans leur pays comme un morceau du drapeau national.
Cette assimilation fut consacrée par décret du 25 septembre 1900.
Le Commissaire général passa avec M. Chaplain, pour la gravure de la médaille, un marché le 30 septembre 1899, que le Ministre du commerce approuva le 18 octobre de la même année.
Ce marché était semblable à celui dont la médaille des récompenses avait fait l'objet. Toutefois, il réduisait : à 3,000 francs le prix de l'œuvre et des instruments originaux ; à 150 francs, celui des coins supplémentaires. L'Administration retenait, d'ailleurs, sans aucune restriction, le droit de reproduction.
La médaille d'honneur a pour face une réduction du revers de la médaille des récompenses, sauf : 1° suppression de la réserve affectée au nom de l'exposant et remplacement de cette réserve par l'écusson de la ville de Paris ; 2° modification légère dans la vue du pont Alexandre III et des nouveaux palais. Au revers, deux palmes enveloppent le nom du titulaire, gravé sous l'exergue : " La République française aux ouvriers collaborateurs de l'Exposition ".
De même que la médaille des récompenses et la plaquette commémorative, la médaille d'honneur des contremaîtres et ouvriers est sortie des presses de la Monnaie. Le ruban a été fourni par MM. Arthus Bertrand et Béranger.
Le nombre des médailles décernées par le Gouvernement s'est élevé à 4,200 environ, dont 371 pour les indigènes coloniaux.
Conformément aux prévisions de l'acte institutif, un décret du 14 avril 1900 a accordé la médaille au Commissaire général, aux directeurs généraux et directeurs, au secrétaire général, à l'ingénieur en chef des ponts et passerelles, au chef du contentieux, ainsi qu'aux délégués des beaux-arts, de l'agriculture, des colonies et pays de protectorat.
Toutes les médailles, à l'exception de celles du personnel supérieur, ont été accompagnées d'un diplôme imprimé, revêtu de la signature autographe du Ministre et du Commissaire général.
M. Millerand a tenu à remettre lui-même la première série de médailles. Celles des indigènes coloniaux ont été remises par le Commissaire général assisté de M. Charles-Roux, délégué des colonies et pays de protectorat, qui avait organisé, à cet effet, une cérémonie solennelle.