MÉDAILLE DU MÉRITE
( INDOCHINE )
- 21 juillet 1890 -
Créée par arrêté du gouverneur général de l'Indochine, le 21 juillet 1890, cette décoration, sorte de Médaille militaire locale appelée également « Médaille du Mérite des militaires et gardes civils indigènes », était destinée à récompenser les indigènes appartenant aux troupes ou à la garde civile du protectorat de l'Annam et du Tonkin, seulement dans le cas de blessures graves ou d'action d'éclat. Les indigènes décorés recevaient alors une allocation annuelle de douze piastres ; une matricule de ces titulaires étant tenue à la Résidence supérieure à Hué et à la Résidence supérieure à Hanoï.
Cette décoration n'eut qu'une brève existence et le nombre de ses titulaires n'est pas connu. Seul l'un d'entre eux, Nguyen-van-Hang, du 1er régiment de tirailleurs tonkinois, est mentionné par un arrêté d'attribution daté du 20 septembre 1890.
Finalement, le 1er mai 1891, moins d'un an après sa genèse et suite à des instructions en provenance de Paris ( dépêche ministérielle du 21 mars 1891 ), l'arrêté de création était rapporté ; les titulaires continuant cependant à jouir provisoirement des droits que leur conférait la distinction honorifique.
Largeur de 36 mm.
Jaune bordé de chaque côté par un liseré bleu de 6 mm.
Au centre et verticalement, le nom de l'empereur Ðông-Khánh, en deux caractères chinois ( idéogrammes ) tissés en noir.
Médaille ronde en argent, partiellement dorée et du module de 30 mm.
Sur l’avers : un médaillon central, de 20 mm de diamètre, reprenant la devise et la légende du revers, mais en onze idéogrammes chinois, entouré par une couronne circulaire,
de 5 mm de largeur, portant en relief, sur la droite, une branche de chêne, et de laurier sur la gauche.
Sur le revers : un médaillon central avec la devise VALEUR ET DISCIPLINE entourée par la légende PROTECTORAT DE L'ANNAM ET DU TONKIN.
Ce médaillon central était entouré par une couronne circulaire identique à celle de l'avers.
Surmontant la médaille et formant bélière fixe, la tête et les griffes d'un dragon touchant la couronne de laurier et de chêne ; l'anneau de bélière étant fixé sur deux dāo ( sabres ) chinois croisés et placés au-dessus de la tête du dragon.
Cette médaille était une réalisation de la Maison Lasne à Paris ( aujourd'hui Maison Bacqueville ).
Produite à peu d'exemplaires avant son abrogation, la rareté de cette éphémère et jolie décoration coloniale en fait une belle valeur de collection.
( Liste non exhaustive )
Source :
Bibliothèque nationale de France
Le Gouverneur général de l'Indo-Chine, officier de la Légion d'honneur et de l'Instruction publique,
Vu le décret du 12 novembre 1887 ;
Attendu que les récompenses honorifiques accordées par la métropole aux soldats indigènes en service sur le territoire du Protectorat de l'Annam et du Tonkin ne sont pas en nombre suffisant pour récompenser tous les dévouements ;
Considérant que les médailles d'honneur en or et en argent servent actuellement à récompenser tous les services rendus par les indigènes, qu'ils appartiennent ou non à l'armée ou à la garde civile, et qu'il importe de réserver aux indigènes servant sous notre drapeau en Annam et au Tonkin une distinction honorifique donnant droit à une dotation, pour le cas spécial de blessures graves ou de services militaires éclatants,
Arrête :
Art. 1er. — Il est créé, sous la dénomination de Médaille du Mérite, une décoration destinée à récompenser les indigènes appartenant aux troupes ou à la garde civile du Protectorat de l'Annam et du Tonkin.
Art. 2. — Cette médaille sera délivrée par le Gouverneur général sur la proposition du Général en chef ou des Résidents supérieurs en Annam et au Tonkin, suivant que l'indigène appartient aux troupes du Protectorat ou de la garde civile et seulement dans le cas de blessures graves ou d'action d'éclat.
Art. 3. — Une allocation annuelle de douze piastres, imputée au budget du Protectorat ( chapitre XIV, article 2, paragraphe 5 ) est accordée aux indigènes décorés de la Médaille du Mérite.
Art. 4. — Une matricule des indigènes décorés sera tenue à la Résidence supérieure à Hué et à la Résidence supérieure à Hanoi.
Hanoï, le 21 juillet 1890.
Piquet.
Le Gouverneur général de l'Indo-Chine, officier de la Légion d'honneur et de l'Instruction publique,
Vu le décret du 12 novembre 1887 ;
Vu l'arrêté du 21 juillet 1890 ;
Sur la proposition du Général commandant en chef les troupes de l'Indo-chine,
Arrête :
Art. 1er. — La médaille du Mérite est décernée au nommé Nguyen-van-Hang, du 1er régiment de tirailleurs tonkinois, pour s'être particulièrement distingué le 4 juillet 1890 en entrant le premier dans un repaire chinois à Hoang-chi près de Tien-son et avoir ainsi contribué au succès de l'affaire.
Art. 2. — Le Général commandant en chef et le Résident supérieur du Tonkin sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté, qui sera enregistré partout où besoin sera et inséré au Journal officiel de l'Indo-Chine. ( 2me partie ).
Saïgon, le 20 septembre 1890.
Piquet.
Le Gouverneur général de l'Indo-Chine p. i., officier de la Légion d'honneur et de l'Instruction publique,
Vu le décret du 12 novembre 1887 ;
Vu l'arrêté du 19 juillet 1890 créant, sous la dénomination de médaille du Mérite, une décoration destinée à récompenser les indigènes appartenant aux troupes ou à la garde civile du Protectorat de l'Annam et du Tonkin ;
Sur la dépêche ministérielle en date du 21 mars 1891,
Arrête :
Art. 1er. — L'arrêté susvisé du 21 juillet 1890 est rapporté.
Art. 2. — Les titulaires des médailles accordées en vertu de l'arrêté précité continueront provisoirement à jouir des droits que leur confère la distinction honorifique dont ils ont été l'objet.
Hanoï, le 1er mai 1891.
Bideau.