MÉDAILLE MILITAIRE     

 

 

 

Source :


J.O n° 290 du 15 décembre 2006
- page 18969 - texte n° 59 -

 


MINISTÈRE DE LA DÉFENSE


Décret du 14 décembre 2006 portant concession de la Médaille militaire

NOR : DEFM0601600D


Par décret du Président de la République en date du 14 décembre 2006, pris sur le rapport du Premier ministre et de la ministre de la défense et visé pour son exécution par le grand chancelier de la Légion d'honneur, vu la déclaration du conseil de l'Ordre en date du 28 novembre 2006 portant que les présentes concessions sont faites en conformité des lois, décrets et règlements en vigueur, et notamment de l'article R. 141 du code de la Légion d'honneur et de la Médaille militaire, sont décorés de la Médaille militaire :

 


Armée active

GENDARMERIE NATIONALE


Avec effet du 10 octobre 2006



Lamy ( Eric, Roger, Albert ), major ; 15 ans de services. Tué dans l'accomplissement de son devoir le 8 octobre 2006. Cité.

Voy ( Maxime, Patrick ), gendarme ; 1 an de services. Tué dans l'accomplissement de son devoir le 8 octobre 2006. Cité.

 


 

 

Intervention de M. Nicolas SARKOZY, Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire,
lors de la cérémonie des obsèques du major Eric LAMY et du gendarme Maxime VOY, décédés dimanche 8 octobre 2006, en Vendée.

Mesdames, Messieurs,
Pour la huitième fois depuis le début de cette année, la gendarmerie se trouve endeuillée par la brutale disparition en service le dimanche 8 octobre aux premières heures de la journée du gendarme Eric Lamy et du Gendarme adjoint volontaire Maxime Voy. Eric Lamy venait de fêter ses 35 ans le 2 octobre dernier, Maxime Voy n'avait pas encore vingt ans. Eric Lamy servait dans la gendarmerie depuis 13 ans. Il était marié et père de famille. Maxime Voy était au tout début de sa carrière. Il avait rejoint à son tour, il y a onze mois seulement, l'Institution dans laquelle servent son père et sa sœur. Il s'apprêtait à rejoindre le 5 décembre prochain l'école d'élèves gendarmes de Montluçon. Nous sommes nombreux aujourd'hui autour de leurs cercueils pour témoigner à leurs proches et à leurs camarades, notre émotion, notre solidarité et notre sympathie dans cette dure épreuve qu'ils traversent. Nous voulons aussi manifester tous ensemble l'estime et la considération que nous portons à ces deux militaires, qui étaient pénétrés de leur mission, et qui disparaissent prématurément dans l'accomplissement du Devoir. La présence de Madame Alliot-Marie, Ministre de la Défense, et la mienne à cette cérémonie sont aussi la marque de la reconnaissance du Gouvernement à deux serviteurs exemplaires de l'Etat. Les élus, les autorités civiles, judiciaires et militaires du département ont tenu ainsi que les représentants des Associations de retraités à s'associer à cet hommage. La disparition de deux membres d'une communauté est aussi une épreuve pour l'ensemble de la communauté. La gendarmerie nationale est aujourd'hui en deuil. Nous savons Madame Lamy, Monsieur et madame Voy, combien la peine qui vous accable est immense et que cette peine est partagée par vos parents, vos enfants et vos amis. Nous savons aussi, et malheureusement d'expérience, qu'en pareilles circonstances, les mots sont parfois impuissants à rendre compte des sentiments qui nous traversent, mais dans le même temps il importe, en rendant un juste hommage aux disparus, de donner publiquement acte de ce qu'ils ont été et de ce qu'ils ont fait au service de leur pays.

Eric Lamy est né le 2 octobre 1971 à Boulogne Billancourt. Après des études de secrétariat, il est appelé sous les drapeaux le 1er août 1991. Il effectue ses classes au centre d'instruction de Tulle puis rejoint le groupement de gendarmerie d'Eure et Loir au sein du centre opérationnel. Découvrant l'institution militaire, il décide d'aller au-delà de la période légale et souscrit un volontariat service long. Après 18 mois de service, et ayant passé avec succès le concours de sélection pour devenir gendarme, il intègre, en mars 1993, l'école de sous-officiers de Chaumont. Là, il suit dans de très bonnes conditions l'enseignement dispensé. Il est apprécié pour son excellent esprit de camaraderie et son sens de la discipline. Dès cette période, il manifeste son souhait de pouvoir, en temps voulu, servir en unité motorisée. A l'issue de sa formation initiale, il choisit de servir en gendarmerie mobile, subdivision dans laquelle il va rester neuf ans à l'escadron de Mamers d'abord, à l'escadron de Nantes ensuite. Tout en se perfectionnant au plan professionnel, puisqu'il obtient avec aisance son diplôme d'aptitude technique, il participe à de nombreux déplacements en métropole, en Corse, et en outre-mer, notamment en Guyane, en Nouvelle-Calédonie et à la Réunion. Acquérant progressivement une solide maturité professionnelle, il est admis dans le corps des sous-officiers de carrière en Janvier 1996. C'est au cours de cette année 96 également qu'il décide de sceller son union avec vous Madame qui lui avez donné la joie d'être papa de deux petits garçons, Alexandre et Florian. Son sens de la famille et l'affection qu'il porte aux siens vont de pair avec son sérieux dans son métier. Son professionnalisme est notamment tout particulièrement distingué lors d'un déplacement au Havre en mai 1995. Alors qu'il est engagé dans un service d'ordre, il obtient des renseignements à l'origine du démantèlement d'un important trafic de véhicules volés en France et en Belgique. Son esprit d'initiative et son action en police de la route sont en outre soulignés lors du détachement qu'il effectue à la brigade de Remire-Monjoly, en banlieue de Cayenne. Toujours soucieux de s'orienter vers les unités motorisées, il suit avec succès le stage de formation motocycliste à Fontainebleau au printemps de 1999. A l'issue, il rejoint la brigade motorisée de l'escadron de Nantes où pendant trois années il va se partager entre les missions de sécurité routière et celles d'ordre public. En mars 2002, Eric Lamy obtient sa mutation en gendarmerie départementale, au sein de l'escadron départemental de sécurité routière de la Vendée. En poste au peloton d'autoroute de Boufferé, dont la partie principale est aujourd'hui aux Essarts, où nous sommes actuellement, il occupe un emploi de gendarme motocycliste. Il a alors réalisé pleinement ses premiers choix professionnels. Il donne toute satisfaction dans sa manière de servir et se voit confier un rôle de tutorat auprès des jeunes de son unité. Les appréciations de ses supérieurs sont en tous points élogieuses, ses résultats étant jugés remarquables. La médaille d'or de la défense nationale, agrafe « gendarmerie nationale » qui lui est attribuée le 1er janvier dernier, reconnaît l'ensemble de ses mérites.

Son compagnon dans le malheur, Maxime Voy était lui aussi, un jeune homme de très grande qualité. Né le 24 mai 1987 à Chambéry, il connaît dès sa prime enfance la vie en gendarmerie, au gré des affectations de son père, sous-officier puis officier de gendarmerie et très tôt va s'imprégner des valeurs de l'institution. Après un excellent parcours scolaire, il obtient un bac scientifique et intègre le 24 octobre 2005 l'école de Tulle pour y suivre la formation de gendarme adjoint volontaire. Brillant, il se classe à l'issue de celle-ci 6e sur 94 et obtient son certificat technique élémentaire avec la mention « très bien ». Son rang de sortie lui donne alors une grande possibilité de choix et il s'oriente vers un emploi résolument opérationnel. Le 26 janvier de cette année, Maxime rejoint avec enthousiasme le peloton des Essarts au sein duquel il va participer à l'ensemble des activités. S'étant rapidement adapté, ses supérieurs notent qu'il est très motivé, fait preuve d'initiative et cherche à approfondir quotidiennement ses connaissances. Son sérieux et son dynamisme font honneur à son jeune âge. Ayant réussi le concours d'entrée en école de sous-officier, il était à l'évidence promis à un bel avenir professionnel. Comme pour Eric le destin tragique en a voulu autrement.

Le dimanche 8 octobre à 3 heures du matin Eric Lamy et Maxime Voy participent avec d'autres militaires du département à un dispositif axé plus particulièrement sur la lutte contre l'insécurité routière. A peu près au même moment, à Plessé dans le département voisin de Loire-Atlantique, une jeune fille de 18 ans, qui marchait sur le bord de la chaussée, est fauchée par un véhicule qui prend la fuite. Elle est tuée sur le coup. Informés de la situation, les gendarmes de l'EDSR de Vendée, tout en poursuivant leur mission, se tiennent prêts le cas échéant à contrôler le chauffard en fuite. Le service d'Eric Lamy et Maxime Voy se déroule normalement jusque vers 5 heures. A cet instant, un automobiliste se présente à leur hauteur, se soustrait volontairement à l'injonction de s'arrêter, éteint les feux de son véhicule, fait demi-tour et prend la fuite. Les deux militaires, tout en diffusant l'alerte, prennent en chasse le fuyard. Le dispositif de surveillance se réorganise pour permettre l'interception. Le conducteur du véhicule en fuite parvient à se soustraire à un nouveau poste de contrôle. Le contact étant maintenu, la poursuite continue. C'est dans cette phase de l'opération que le véhicule d'Eric et de Maxime quitte brutalement la route et heurte violemment un arbre. Les deux militaires décèdent des suites de leurs blessures. Le fuyard sera interpellé peu de temps après. Il conduisait sous l'emprise d'un état alcoolique. Il devra rendre compte à la Justice des infractions commises. Quant à l'autre chauffard, celui de Plessé qui a tué la même nuit la jeune Noémie Amosse, il a également été interpellé par les gendarmes et je souhaite que la Justice sanctionne avec la plus grande sévérité ces comportements aussi irresponsables que criminels.

Eric Lamy et Maxime Voy sont morts victimes du devoir. Comme beaucoup d'autres de leurs camarades ils menaient cette nuit là, de manière anonyme et totalement désintéressée mais avec une conviction intacte, ce combat contre l'insécurité routière, qui est d'abord un combat pour la vie. Leur engagement au service de la collectivité a valeur d'exemple et restera gravé dans les mémoires. Je m'incline devant eux qui ont payé de leur vie cet engagement.

A vous Madame Lamy qui venez d'être brutalement séparée de votre époux alors que vous aviez encore tant de choses à vivre ensemble, à vous Alexandre et Florian, qui aimiez et étiez fiers de votre père ; A vous, mon commandant et Madame Voy, à vous, Aurélie, à vous Aline, qui venez de perdre Maxime, qui avait encore tout à attendre de la vie ; je tiens à vous renouveler notre compassion, à vous assurer de notre très vive sympathie comme de notre total soutien.

Major Eric Lamy, gendarme Maxime Voy, nous nous inclinons respectueusement devant vous. Le Ministre de la défense va maintenant vous remettre deux décorations :
- La Médaille militaire qui rappelle votre appartenance à la communauté militaire ainsi que la valeur de vos mérites.
- La médaille de la gendarmerie, avec une citation à l'ordre de la gendarmerie, qui honore le choix que vous avez fait de protéger vos compatriotes dans ce combat quotidien contre l'insécurité routière.
Ces médailles et citations constituent l'ultime salut de vos chefs et de vos pairs qui vous expriment ainsi de manière concrète leur respect et leur reconnaissance.
Major Eric Lamy, Gendarme Maxime Voy, reposez en paix.

Source : Ministère de l'Intérieur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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