ORDRE POUR LE MÉRITE
( CAMEROUN )
- 24 avril 1924 -
A l’issue de la première guerre mondiale, le protectorat allemand du Kamerun est confié par la Société des Nations à la Grande-Bretagne et la France, qui se voyait alors octroyer la partie orientale du territoire.
Le 24 avril 1924, par arrêté, le Commissaire de la République au Cameroun instituait dans les territoires placés sous sa direction un ordre, dit « Ordre pour le Mérite indigène », réservé aux originaires du Cameroun possédant le statut d'administré sous mandat de la France. L'ordre, géré par un conseil d'administration, comprenait trois classes, dont les insignes et le brevet étaient remis gratuitement aux titulaires.
Cette distinction honorifique était uniquement destinée à récompenser les indigènes qui ont effectivement collaboré à la mise en valeur du territoire. Elle ne pouvait être considérée comme une récompense politique, mais comme une sorte de mérite agricole, et n'être que la consécration d'un effort producteur durable, révélant chez son auteur un sens économique à développer et à encourager. Cette distinction avait surtout pour but de créer au Cameroun, une sorte « d'élite terrienne » contribuant, par son activité, dans le domaine de la production vivrière ou dans celui de la cueillette, au développement du pays. Les artisans ne devaient pas néanmoins être perdus de vue ; aussi les médailles de l'ordre furent accordées :
1° aux indigènes qui ont rendu des services signalés au Cameroun, par l'organisation de cultures ou l'exploitation des produits naturels ;
2° aux agriculteurs qui ont fait faire des progrès à la culture ou à l'élevage, qui ont mis en valeur des terrains en friche, creusé des canaux, drainé ou irrigué le sol ;
3° aux commerçants qui ont contribué au développement du commerce ;
4° aux industriels qui ont créé ou importé une industrie, ou développé une industrie existante ;
5° aux artistes et aux artisans particulièrement habiles dans l'exercice d'un métier ;
6° aux personnes qui ont libéralement exécuté des œuvres d'intérêt public ou fondé des institutions de bienfaisance.
Aucun européen ou européenne ne pouvait être admis dans l'Ordre du Mérite Indigène autrement qu'à la troisième classe et s'il ne réunissait, en outre de services exceptionnels rendus à la cause de la colonisation, un minimum de 2 années de séjour sur le Territoire.
A compter de l'arrêté du 21 février 1929, la médaille de 3e classe pour le mérite indigène a pu être attribuée, à titre exceptionnel, sur la proposition motivée du commandant des forces de police, aux militaires indigènes appartenant à la garde ou au bataillon de milice cités à l'ordre des forces de police pour un acte remarquable de courage ou de dévouement.
Les titulaires de cette distinction recevaient un brevet.
L'arrêté du 4 juillet 1946 transformera la dénomination de cette distinction en « Ordre pour le Mérite camerounais » et, en conséquence, modifiera légèrement le revers des insignes.
La République du Cameroun conservera cet Ordre après son accession à l'indépendance, avec toutefois quelques modifications au revers des insignes et un nouveau ruban triangulaire composé de six groupes de trois raies égales : 1 verte, 1 rouge et 1 jaune.
Le ruban, de type allemand, est porté en triangle.
Il est composé de trois raies, d'égale largeur, disposées obliquement : une raie bleue, une blanche, une rouge.
Ordre pour le Mérite indigène ( 1924 – 1946 )
Médailles rondes en bronze florentin pour la 3e classe, en bronze argenté pour la 2e classe et en bronze doré pour la 1re classe, du module de 41 mm.
Sur l’avers : un paysan aux champs travaillant la terre avec une houe.
Sur le revers : au centre, posée sur un fond de feuillages de caféier, l'inscription MÉRITE INDIGÈNE. Cet ensemble était entouré, en partie supérieure, par la légende TERRITOIRE DU CAMEROUN.
Ordre pour le Mérite camerounais ( 1946 – 1958 )
Médailles rondes en bronze florentin pour la 3e classe, en bronze argenté pour la 2e classe et en bronze doré pour la 1re classe, du module de 41 mm.
Sur l’avers : un paysan aux champs travaillant la terre avec une houe.
Sur le revers : au centre, posée sur un fond de feuillages de caféier, l'inscription MÉRITE CAMEROUNAIS. Cet ensemble était entouré, en partie supérieure, par la légende TERRITOIRE DU CAMEROUN.
Modèle destiné aux Européens à partir de 1946
Médailles rondes en bronze florentin pour la 3e classe, en bronze argenté pour la 2e classe et en vermeil pour la 1re classe, du module de 32 mm.
Gravure de P. Lenoir.
Sur l’avers : les initiales RF encadraient une tête de Camerounaise ; l'ensemble surmontant le mot CAMEROUN.
Sur le revers : la représentation d'une famille camerounaise traditionnelle.
Les différents modèles de ces insignes seront réalisés par la Maison Arthus-Bertrand.
( Liste non exhaustive )
Source :
Bibliothèque nationale de France
ARRÊTÉ du 24 avril 1924 portant création d'un ordre pour le Mérite Indigène J.O. des Territoires du Cameroun du 15 mai 1924 - Texte non disponible.
Par décision en date du 31 décembre 1924 :
Le conseil d'administration de l'ordre du mérite indigène pour 1925 est composé comme suit :
MM. Barriéty, secrétaire général de l'ordre, Président ;
Bardou, ingénieur de 1re cl. des travaux agricoles ;
Cournarie, chef de cabinet ;
Charles Atangana, chef supérieur de Yaoundé ;
Albert Ateba, chef des Etons.
Le Commissaire de la République française au Cameroun, officier de la Légion d'honneur,
Vu les décrets des 23 mars 1921 et 21 février 1925 déterminant les attributions du Commissaire de la République française dans les Territoires du Cameroun ;
Vu l'arrêté du 24 avril 1924 portant création d'un ordre pour le Mérite Indigène,
Arrête :
Art. 1er. — Sont modifiés ainsi qu'il suit les articles 3 et 4 de l'arrêté du 24 avril 1924 portant création d'un ordre pour le Mérite Indigène :
Art. 3. — Le nombre total des titulaires de médailles de l'ordre du Mérite, est limité à 1.000 dont 800 médailles de 3e classe, 160 de 2e classe et 40 de 1re classe.
Il est réservé, sur ce contingent, 40 médailles de 2e classe et 20 médailles de 1re classe, destinées aux membres Européens de l'ordre.
Art. 4. — Peuvent être nommés dans l'ordre pour le Mérite, à titre local, les Européens ou assimilés, fonctionnaires, officiers, commerçants et colons, les Indigènes originaires du Cameroun, des colonies françaises ou Territoires sous Mandats et qui sont sujets ou ressortissants de la France. Les médailles de l'ordre du Mérite sont accordées dans les conditions suivantes :
Aux Européens et Indigènes qui ont rendu des services signalés dans le domaine économique, à la cause Française au Cameroun....... ( le reste sans changement ).
Art. 2. — Le présent arrêté sera enregistré et communiqué partout où besoin sera.
Yaoundé, le 3 juin 1927.
Marchand.
Le Gouverneur des colonies, Commissaire de la République française au Cameroun, officier de la Légion d'honneur,
Vu les décrets des 23 mars 1921 et 21 février 1925, déterminant les attributions du Commissaire de la République française dans les Territoires du Cameroun ;
Vu l'arrêté du 24 avril 1924 portant création d'un ordre pour le Mérite Indigène ;
Vu l'arrêté du 3 juin 1927 étendant aux européens les dispositions de l'arrêté du 24 avril 1924,
Arrête :
Art. 1er. — L'article 1er de l'arrêté du 3 juin 1927 modifiant l'arrêté du 21 avril 1924 est et demeure rapporté.
Il est remplacé par les dispositions suivantes :
Art. 2. — Aucun européen ou européenne ne peut être admis dans l'ordre du Mérite Indigène autrement qu'à la troisième classe et s'il ne réunit, en outre de services exceptionnels rendus à la cause de la colonisation, un minimum de 2 années de séjour au Territoire.
Nul ne peut être promu à la 2e classe s'il ne réunit trois années de séjour au Territoire dans la troisième classe.
Nul ne peut être promu à la 1re classe s'il ne réunit trois années de séjour au Territoire dans la 2e classe.
Art. 3. — Le présent arrêté, qui entrera en vigueur à dater du 1er août 1928 sera enregistré et communiqué partout où besoin sera.
Yaoundé, le 20 juin 1928.
Marchand.
Le Gouverneur des colonies, Commissaire de la République française au Cameroun, commandeur de la Légion d'honneur,
Vu les décrets des 23 mars 1921 et 21 février 1925, déterminant les attributions du Commissaire de la République française dans les Territoires du Cameroun ;
Vu l'arrêté du 24 avril 1924 portant création d'un "ordre pour le mérite indigène", ensemble l'arrêté modificatif du 3 juin 1927,
Arrête :
Art. 1er. — L'article 4 de l'arrêté du 24 avril 1924, est complété comme suit :
« A titre exceptionnel, la médaille de 3e classe pour le mérite indigène pourra être attribuée, sur la proposition motivée du commandant des forces de police, aux militaires indigènes appartenant à la garde ou au bataillon de milice cités à l'ordre des forces de police pour un acte remarquable de courage ou de dévouement.
Les titulaires de cette décoration, pourront par la suite être promus dans les mêmes conditions à la 2e et à la 1re classe de l'ordre.
Les médailles décernées à ce titre ne seront pas comprises dans les contingents fixés à l'article 3 de l'arrêté du 24 avril 1924 ».
Art. 2. — Le présent arrêté sera enregistré et communiqué partout où besoin sera.
Yaoundé, le 21 février 1929.
Marchand.
ARRÊTÉ du 21 décembre 1932 – Texte non disponible.
Le Gouverneur des colonies, Commissaire de la République française au Cameroun, officier de la Légion d'honneur,
Vu les décrets des 23 mars 1921 et 21 février 1925, déterminant les attributions du Commissaire de la République française dans les Territoires du Cameroun ;
Vu l'arrêté du 24 avril 1934 portant création d'un ordre pour le Mérite indigène dans les territoires du Cameroun et tous actes modificatifs subséquents ;
Vu les décisions des 24 juin 1932, 3 novembre 1932, 1er et 2 décembre 1932 et 28 novembre 1933 nommant les membres du conseil de l'Ordre du Mérite indigène pour les années 1932 et 1933,
Décide :
Art. 1er. — Le conseil d'administration de l'Ordre du Mérite indigène pour l'année 1934 est composé comme suit :
MM. Thaly, chef du secrétariat général. Président ;
Michel, administrateur en chef des colonies, chef du bureau politique ;
Weber, administrateur adjoint des colonies, chef de cabinet du Commissaire de la République ;
Atangana Charles, chef supérieur des Yaoundés et Banés ;
Onambele Mbazoa, notable des Yaoundés.
Art. 2. — La présente décision sera enregistrée et communiquée partout où besoin sera.
Yaoundé, le 12 juin 1934.
Bonnecarrère.
Le Gouverneur des colonies, Commissaire de la République française au Cameroun, commandeur de la Légion d'honneur,
Vu les décrets des 23 mars 1921 et 21 février 1925, déterminant les attributions du Commissaire de la République française dans les Territoires du Cameroun ;
Vu l'arrêté du 24 avril 1924 portant création d'un ordre pour le Mérite Indigène dans les territoires du Cameroun ;
Vu les arrêtés des 21 février 1929 et 21 décembre 1932 complétant et modifiant l'arrêté susvisé du 24 avril 1924,
Arrête :
Art. 1er. — L'article 11 de l'arrêté du 24 avril 1924 portant création d'un ordre pour le Mérite Indigène dans les territoires du Cameroun est modifié de la façon suivante :
« Les nominations ou promotions dans l'Ordre pour le Mérite ont lieu une seule fois par an à la date du 1er janvier ».
Art. 2. — Le présent arrêté sera enregistré et communiqué partout où besoin sera.
Yaoundé, le 9 août 1935.
Repiquet.
ARRÊTÉ du 30 août 1944 – Texte non disponible.
ARRÊTÉ du 4 juillet 1946 – Texte non disponible.