ORDRE DU CAMBODGE
- 10 mai 1896 -
Depuis 1845, le Siam et le Viêt-Nam imposaient un protectorat conjoint sur le Cambodge. Grâce à l’intervention de la France qui exercera à partir de juillet 1863 le protectorat, le Cambodge retrouva sa souveraineté et en 1864, couronnait comme Roi, Norodom 1er. Ce dernier fondait, le 8 février 1864, l’Ordre royal du Cambodge, dont il attribuait la première croix de commandeur à Ernest Doudart de Lagrée, celle de grand-officier à l'amiral Pierre de la Grandière et le grand cordon à l'Empereur Napoléon III.
A partir du décret du 10 mai 1896, il devint un de nos Ordres coloniaux, attribué indifféremment par le Roi du Cambodge ou par le gouvernement français, prenant alors le nom d'Ordre du Cambodge. C’était un Ordre à cinq classes, structuré à l’image de la Légion d’honneur :
– les grades de Chevalier, d’Officier et de Commandeur ;
– les dignités de Grand officier et de Grand-croix.
Le Président de la République française était de droit Grand-croix de l’Ordre du Cambodge.
L’Ordre royal du Cambodge récompensait les services civils et militaires des étrangers ou des sujets du Roi du Cambodge.
De 1896 jusqu’au décret du 14 juillet 1933, l’Ordre du Cambodge attribué par le gouvernement français, récompensait :
– les personnes qui justifiaient d’un séjour effectif minimum de trois ans outre-mer, dans les territoires de l’Indochine et plus particulièrement au Cambodge ;
– les personnes qui ne justifiant pas d’un séjour outre-mer, ont cependant rendu des services à l’expansion coloniale.
A compter du 14 juillet 1933, de nouvelles dispositions furent prises : nul ne pouvait être nommé s’il n'avait pas 29 ans révolus et ne justifiait pas d’au moins neuf années de services civils ou militaires ou de pratique professionnelle, le temps passé outre-mer étant compté pour deux ou trois fois sa durée, selon la nature du séjour.
A l’instar des autres Ordres coloniaux, un contingent spécial, ouvert par décret, pouvait récompenser les services rendus par les organisateurs, collaborateurs ou exposants des expositions ou des manifestations importantes purement coloniales.
Il fut supprimé en tant qu’Ordre colonial par le décret du 25 août 1948, puis devint par le décret du 1er septembre 1950, un Ordre des États associés de l’Union française jusqu’en 1955, année où le Cambodge quitta l’Union française. Il fut donc attribué à partir de 1948, uniquement comme Ordre national cambodgien jusqu’à sa disparition avec la dynastie Khmer. Cependant, durant son exil, le prince Sihanouk continuera à en attribuer les insignes.
Suite au retour à la tête de l’état du Cambodge du Roi Norodom Sihanouk, l’Ordre royal du Cambodge a été réinstitué. Son insigne est identique à celui décrit ci-dessous.
Pour un complément d'information sur l'Ordre royal du Cambodge, voir " Généralités sur les Ordres coloniaux "
Largeur de 37 mm.
Il était primitivement de couleur rouge à liserés verts sur chaque bord. Mais comme pour les autres Ordres coloniaux et afin d’éviter une trop grande similitude de teinte avec le ruban de la Légion d’honneur, il fut décidé, suite au décret du 5 décembre 1899, de changer ces couleurs.
A compter de cette date, le ruban fut à fond blanc avec de chaque côté un liseré orange.
Ruban d’Officier à rosette blanc et orange de 30 mm de diamètre.
Cravate permettant le port en sautoir pour le grade de Commandeur.
Ruban moiré blanc et orange de 10 cm de largeur, permettant le port en écharpe, pour la dignité de Grand-croix.
Lorsqu’en 1948, l’Ordre royal du Cambodge redevint un Ordre purement national, le ruban reprit ses couleurs d’origine.
Étoiles unifaces, à huit pointes diamantées constituées chacune par de multiples rayons partant d’un médaillon central de forme ovale représentant sur un fond d’émail violet les armes royales cambodgiennes entourées par un cercle d’émail rouge.
L’étoile est surmontée par une couronne royale avec une petite croix sur la boule de la bélière.
L’insigne des Chevaliers est en argent, celui des Officiers, Commandeurs, Grands officiers et Grands-croix étant en vermeil ou en or.
Il a existé un modèle ( premier type ) à taille réduite, attribué durant les premières années qui suivirent la création de l’Ordre, dont la présentation était plus dépouillée avec notamment l’absence de la couronne royale en partie supérieure.
Plaque en forme de grande étoile uniface à huit pointes diamantées, constituées chacune par de multiples rayons partant d’un médaillon central de forme ovale représentant sur un fond d’émail violet les armes royales cambodgiennes entourées par un cercle d’émail rouge.
La plaque est du module de 78 mm, en argent avec le médaillon central en vermeil.
( Liste non exhaustive )
Source :
Bibliothèque nationale de France
Le Ministre de la Marine, à Messieurs les Vice-Amiraux commandant en chef, Préfets maritimes ; les Officiers généraux, supérieurs et autres commandant à la mer ; le Commandant de la Marine en Algérie ; les Directeurs des Établissements de la Marine hors des ports ; le Général commandant en chef les troupes en Indo-Chine ; les Commandant militaire, Commandants supérieurs et Commandants des troupes aux Colonies.
( Ministère de la Marine, – Direction du Personnel ; – 3e Bureau : Troupes de la Marine, 1re et 2e Sections ; – 1er Bureau État-Major de la flotte ; – 2e Bureau : Équipages de la flotte ; – 4e Bureau : Corps entretenus et Agents divers ; Justice maritime. )
Paris, le 3 novembre 1894.
Messieurs, les demandes en autorisation de porter les insignes de chevalier des Ordres du Cambodge et du Dragon de l'Annam, formulées par des officiers des divers corps de la Marine, sont parfois accompagnées d'un récépissé constatant le versement, au profit du Budget du Protectorat de l'Annam et du Tonkin, d'une somme de dix francs, exigé par l'Administration des Colonies pour la délivrance du brevet.
J'ai l'honneur de vous prier de rappeler aux autorités placées sous vos ordres que ce versement est indépendant de celui qui est prévu pour droits de Chancellerie ( circulaire du 17 décembre 1887, B.O., p. 633 ), et dont la justification doit toujours être jointe au dossier à transmettre à la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur.
J'ajouterai que la production, à l'appui des demandes dont il s'agit, du récépissé du payement effectué pour le compte du Budget du Protectorat, est absolument inutile, et ne peut qu'amener une confusion qu'il importe d'éviter.
L'insertion au Journal officiel et au Bulletin officiel de la Marine tiendra lieu de notification.
Recevez, messieurs, l'assurance de ma considération la plus distinguée.
Félix Faure.
( Administration des Colonies ; — Cabinet du Sous-secrétaire d'État. )
Le Sous-secrétaire d'État au Ministère de la Marine et des Colonies,
Arrête :
Art. 1er. — Les listes des proportions présentées au roi du Cambodge pour la décoration de l'Ordre du Cambodge ne pourront dépasser, chaque année, les chiffres ci-après indiqués pour chaque grade :
Grands-croix. 3
Grands-officiers. 9
Commandeurs. 42
Officiers.120
Chevaliers.300.
Art. 2. — Ces listes sont préparées, jusqu'à concurrence des deux tiers pour chaque grade, par le Sous-secrétaire d'État au Ministère de la Marine et des Colonies, et, pour le tiers restant, par le Gouverneur général de l'Indo-Chine.
Les candidats présentés par le Gouverneur général doivent être choisis parmi les officiers, fonctionnaires ou autres citoyens français habitant la Cochinchine ou les pays de l'Indo-Chine placés sous le protectorat de la France.
Les candidats présentés par le Sous-secrétaire d'État sont choisis parmi les fonctionnaires dépendant de l'Administration des Colonies, parmi les militaires ayant servi en Indo-Chine ou parmi les personnes ayant rendu des services à la cause française dans l'Extrême-Orient.
Art. 3. — Par dérogation aux dispositions qui précèdent, un huitième des présentations annuelles pourra être réservé aux fonctionnaires dépendant d'autres administrations ou aux personnes ayant rendu des services signalés à la cause française dans les pays autres que ceux de l'Extrême-Orient.
A. De La Porte.
RAPPORT AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Paris, le 9 septembre 1917.
Monsieur le Président,
Le gouverneur général de l'Indo-Chine vient d'appeler mon attention sur l'opportunité qu'il y aurait à ce que l'empereur d'Annam et le roi du Cambodge fussent, de plein droit, le premier, grand'croix de l'Ordre du Dragon de l'Annam, le second, grand'croix de l'Ordre du Cambodge.
Comme le fait remarquer M. Sarraut, il parait quelque peu paradoxal que les souverains protégés ne puissent revêtir le grand cordon de leurs ordres respectifs avant d'avoir reçu la notification de leur nomination et de leur inscription sur les registres de contrôle de la grande chancellerie.
Je partage entièrement cette manière de voir et j'estime qu'il serait plus logique que la notification de leur avènement au trône faite à la grande chancellerie de la Légion d'honneur ait pour effet d'entraîner ipso facto leur inscription de droit parmi les plus hauts dignitaires de l'ordre.
Tel est l'objet du décret que j'ai l'honneur de soumettre à votre haute sanction et que je vous serai obligé de revêtir de votre signature si vous voulez bien en approuver les termes.
Je vous prie d'agréer, monsieur le Président, l'hommage de mon profond respect.
Le ministre des colonies, Maginot.
*****
DÉCRET
Le Président de la République française,
Sur la proposition du grand chancelier de la Légion d'honneur et sur le rapport du garde des sceaux, ministre de la justice et du ministre des colonies,
Le conseil de l'Ordre de la Légion d'honneur entendu,
Vu le décret du 16 mai 1907 réglementant les conditions de nomination et de promotion dans les ordres coloniaux,
Décrète :
Art. 1er. — L'empereur d'Annam et le roi du Cambodge sont de plein droit, le premier, grand croix de l'Ordre du dragon de l'Annam ; le second, grand croix de l'Ordre du Cambodge.
La notification de l'avènement de ces souverains au trône, faite à la grande chancellerie de la Légion d'honneur par le ministre des colonies a pour effet d'entraîner ipso facto leur inscription parmi les plus hauts dignitaires de l'ordre.
Art. 2. — Le garde des sceaux, ministre de la justice, le ministre des colonies et le grand chancelier de la Légion d'honneur sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 9 septembre 1917.
R. Poincaré.
Par le Président de la République :
Le garde des sceaux, ministre de la justice, René Viviani.
Le ministre des colonies, Maginot.
Pour exécution :
Le grand chancelier de la Légion d'honneur, Gal Florentin.
Le Président de la République,
Sur le rapport du président du conseil des ministres, du garde des sceaux, ministre de la justice, et du ministre de la France d’outre-mer,
Vu le décret du 14 juillet 1933 réglementant les conditions de nomination et de promotion dans les ordres coloniaux ;
Vu le décret du 8 septembre 1947 modifiant et complétant les articles 12, 13 et 14 du décret du 14 juillet 1933 ;
Le conseil de l’Ordre de la Légion d'honneur entendu,
Décrète :
Art. 1er. — La décoration coloniale du Cambodge est et demeure supprimée en tant qu’ordre colonial.
Art. 2. — Le garde des sceaux, ministre de la justice, le ministre de la France d’outre-mer et le grand chancelier de la Légion d’honneur sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française et inséré au Bulletin officiel du ministère de la France d’outre-mer.
Fait à Paris, le 25 août 1948.
Vincent Auriol.
Par le Président de la République :
Le président du conseil des ministres, André Marie.
Le garde des sceaux, ministre de la justice, Robert Lecourt.
Le ministre de la France d’outre-mer, Paul Coste-Floret.
Le grand chancelier de la Légion d'honneur, Gl Dassault.